Nos cotisations ne vous rendront pas malade !

Blog

Travail et repas

Travail et repas

Travail et repas : questions réponses avec une experte

Avec Cécile Marie-Magdelaine, diététicienne-nutritionniste

Il peut être difficile de savoir comment concilier travail et repas. L’alimentation est une thématique parfois difficile à comprendre, c’est pourquoi nous faisons appel à une experte, Cécile Marie-Magdelaine, pour répondre à vos questions en général sur l’alimentation, dont celles qui concernent la relation travail et repas.

 

Avez-vous des idées de menus variés et ne nécessitant pas de réchauffage pour faciliter la relation travail et repas ?

Cécile Marie-Magdelaine : Si vous souhaitez composer vous-même vos menus à emporter, le principe est le suivant :

  • Prévoir une salade froide composée de féculents + légumes + viande/poisson/œuf ;
  • on peut aussi ajouter le produit laitier sous forme de fromage ou sauce au yaourt/fromage blanc (1 pot par plat pour couvrir les besoins).
  • Ajoutez un fruit cru ou cuit et bien sûr le produit laitier s’il n’est pas dans la salade composée… et voilà, le tour est joué !

 

Que conseiller à une personne en fauteuil roulant qui grossit par manque d’activité physique ?

Cécile Marie-Magdelaine : J’ai deux propositions à vous faire :

  • Il faut peut être adapter les repas ; le fait d’être en fauteuil roulant limite les dépenses énergétiques. Je vous conseille de noter tout ce que vous mangez et buvez sur une semaine et voir si les apports ne sont pas au-dessus de vos besoins nutritionnels. Est-ce qu’un diététicien ou un nutritionniste peut vous aider à faire ce calcul ?

De vous-même, vous pouvez déjà :

  • veiller à vos apports en sucre rapide (produits sucrés tels que gâteaux, bonbons, boisson sucrées…),
    réduire le sucre que vous rajoutez dans les aliments (dans le café, les laitages…),
  • limiter la consommation de fromage à 1 part/jour,
  • réduire la consommation de féculents à son minimum tout en maintenant la portion à chaque repas,
  • limiter la consommation d’alcool qui est très calorique
  • et puis veiller au grignotage si c’est le cas.

En fait tout dépend de votre comportement alimentaire actuel ; vous faites peut être déjà attention à votre alimentation ?

  • Autre proposition, voir avec un kinésithérapeute si vous ne pouvez pas faire quelques mouvements des bras pour maintenir leur masse musculaire et dépenser un peu de calories. Comme je ne connais pas votre handicap, il est difficile de répondre plus en détail. Je pars du principe que vous pouvez utiliser vos bras…

 

Quel impact le fait de sauter régulièrement le déjeuner peut-il avoir sur la santé ?

Cécile Marie-Magdelaine : le risque est d’avoir très faim dès l’après-midi. Au niveau de l’alimentation, cela peut entrainer :

  • des grignotages l’après-midi,
  • des grignotages en rentrant à la maison, le soir, avant le dîner,
  • un dîner beaucoup trop copieux et trop riche.

Au niveau de la santé, les grignotages à répétition peuvent entrainer un surpoids. Les dîner trop copieux peuvent également entraîner un surpoids mais aussi perturber la qualité du sommeil puisque la digestion sera plus difficile. Je me rends compte aussi, dans le cadre de mon travail, que les dîners trop copieux on des effets sur le petit déjeuner : le lendemain matin, on a peu faim, voire pas faim du tout… et il y a un risque de partir sans prendre de petit déjeuner. Donc pas de petit déjeuner… pas de déjeuner… grignotage dans l’après-midi et dîner d’ogre le soir… La prise de poids est assurée et la nuit perturbée.

En sautant des repas, il y a aussi de fortes chances pour que les besoins nutritionnels ne soient pas tous couverts… Comment consommer 300 à 350 g de légumes avec un seul repas par jour par exemple ?

A savoir aussi que notre corps à quand même besoin d’un apport régulier en énergie ; sauter des repas décale ces apports nutritionnels ; les effets secondaires peuvent être de la fatigue, de l’irritabilité, des maux de tête…

 

Peut-on se contenter d’un sandwich et d’un fruit pour déjeuner 5 jours par semaine ?

Cécile Marie-Magdelaine : Techniquement c’est réalisable, mais nutritionnellement parlant, ce n’est pas « génial » à long terme.

Il faut déjà que votre sandwich soit hyper complet : le pain est le féculent du repas et il faut ajouter une portion de viande/poisson/œuf + des légumes + une sauce pas trop grasse (donc on laisse tomber la mayonnaise) + le produit laitier qui pour une raison pratique sera du fromage puisque vous ne parlez pas de laitage en plus du sandwich. A moins que le laitage soit consommé plus tard dans l’après-midi ? Et puis il y a le fruit.

Je vous conseille de varier les plaisirs : consommez de temps en temps un sandwich « maison », avec un laitage consommé à part de temps en temps ou le fromage dans le pain et le fruit. Et puis les autres jours, faites des repas avec des salades composées complètes + un laitage/fromage + un fruit.

Si vous manquez d’idées, je vous invite à vous reporter à la réponse de la première question qui traite exactement cette information : des idées de repas froids à emporter au travail.

 
Lorsque l’on travaille de nuit, comment organiser travail et repas ?

Cécile Marie-Magdelaine : Quand on travaille de nuit, on doit également faire trois repas par 24h00. Imaginons que vos horaires sont 21h/5h avec une pause ; je vous propose le rythme suivant :

– Au retour du travail, le matin : une petite collation légère avant d’aller vous coucher. Ce peut être une tartine et un chocolat chaud ou un yaourt et un fruit…

– A votre réveil dans l’après-midi : un bon petit déjeuner avec féculents (pain, biscottes…) + un produit laitier et un fruit.

– Avant de partir au travail, le dîner :

  • une belle portion de légumes (au moins 150g),
  • + une portion de féculents,
  • + une portion de viande/poisson/œuf,
  • + un produit laitier,
  • + un fruit.
  • Vous adapterez la quantité de pain en fonction des féculents consommés dans le repas.

Ce dîner est votre premier grand repas de la journée ; il doit donc vous apporter plus de calories que le repas qui sera consommé durant la pause de la nuit.

– A la pause, au travail, c’est l’équivalent de votre déjeuner que vous aurez emporté : On retrouve les mêmes groupes d’aliment qu’au repas précédent mais avec des quantités différentes, pour que le repas apporte un peu moins de calories. Ce qui donne :

  • une belle portion de légumes (au moins 150g),
  • + une portion de féculents moins importante que celle du dîner,
  • + une portion de viande/poisson/œuf moins importante que celle du dîner,
  • + un produit laitier (de préférence un laitage qui est moins riche que le fromage),
     un fruit.
  • Vous adapterez la quantité de pain en fonction des féculents consommés dans le repas.

 

Avez-vous des idées de petit déjeuner à emporter pour les personnes qui commencent tôt et qui n’ont pas le temps de petit-déjeuner chez elles ?

Cécile Marie-Magdelaine : Dans l’idéal, il faudrait que votre petit déjeuner vous apporte les mêmes aliments que celui qui aurait été pris à la maison : féculent + produit laitier + fruit. Souvent c’est le produit laitier qui pose soucis parce que, selon les conditions de travail, tout n’est pas toujours possible. Je vous propose :

  • Sandwich avec complément de votre choix : beurre, confiture… + yaourt (si possible) + fruit.
  • Boire un chocolat chaud avant de partir de la maison (produit laitier + produit sucré) et consommer plus tard un sandwich identique à celui de la ligne précédente + 1 fruit frais.
  • Sandwich avec du fromage frais (type St Moret) et un fruit. Vous aurez donc une part de fromage dans ce repas.
  • Un récipient hermétique avec un fromage blanc et un fruit frais coupé ; vous emportez des céréales (type corn flakes nature) que vous ajoutez au moment de manger.

Le sandwich que je vous propose est un morceau de pain garni avec ce que vous voulez ; ce n’est pas le sandwich jambon beurre.

Comme je ne connais pas votre travail, votre organisation, je ne peux pas adapter plus les propositions de petit déjeuner à emporter. Par exemple, je ne sais pas si vous pouvez manger à votre bureau, ou pendant un trajet en transport en commun, ou dans une salle de pause en arrivant… Avec un peu plus d’informations, j’aurais pu vous donner plus d’idées adaptées mais j’espère déjà avoir pu vous donner des idées qui vous aideront.

Je vous propose aussi une autre alternative : tenter le petit déjeuner à la maison en modifiant un peu votre organisation : préparez la table du petit déjeuner la veille au soir (ainsi que le choix de vos vêtements… c’est un gain de temps non négligeable !) et puis vous mettez votre réveil à sonner 15 à 20mn plus tôt pour prendre ce petit déjeuner tranquille à la maison. Si vous n’avez pas faim en sortant du lit alors commencez par la douche et prenez le petit déjeuner ensuite.

Je pense que cette dernière proposition est la plus intéressante, parce qu’elle vous permet un plus grand choix de petit déjeuner mais surtout de petit-déjeuner tranquille à la maison avant de partir.

 

Pour éviter la prise de poids, vaut-il mieux prendre un goûter ou faire un gros dîner ?

Cécile Marie-Magdelaine : Sans hésitation, je vous conseille le goûter et un repas « normal » le soir, qui doit vous apporter un peu moins de calories que le déjeuner.

Ensuite, tout est dans la composition du goûter ; si vous tombez dans le paquet de gâteaux tous les jours, il y a forcément un risque de prise de poids. Je vous conseille plutôt un goûter composé, selon vos goûts et votre appétit de :

Féculent + produit laitier. Par exemple :

  • Crêpes et un petit verre de lait
  • Riz/semoule au lait
  • Tartine grillée et chocolat chaud
  • Biscottes tartinées et un laitage (yaourt, fromage blanc…) ou la portion de fromage de la journée

Féculent + fruit. Par exemple :

  • Tartine de pain aux noisettes + un fruit frais
  • Une biscotte aux céréales beurrée et une compote
  • Pudding ou pain perdu « maison » + une orange pressée

Produit laitier + fruit. Par exemple :

  • Milk Shake aux fruits (avec un laitage et non de la glace)
  • Fromage blanc mélangé avec un fruit frais coupé en morceaux ou une compote
  • Un verre de lait froid et une banane

Si vous avez très faim et que le dîner est vraiment loin, vous pouvez même consommer un féculent + un produit laitier + un fruit. Par exemple :

  • Céréales mélangées avec un yaourt et un fruit frais coupé en morceau
  • Fromage blanc + compote + une tartine de pain aux céréales
  • Crêpe garnie avec un petit suisse et des fraises coupées (ou autre fruit frais)

 

Pourquoi le chocolat noir > 90% donne-t-il une impression de satiété ?

Cécile Marie-Magdelaine : Le chocolat est un aliment de plaisir et de réconfort; je vous conseille donc d’en consommer par plaisir et non pour chercher un effet « coupe faim ».

Quant au lien entre la consommation de chocolat et la satiété, on trouve plusieurs explications : les propriétés sur la satiété sont liées à la teneur en cacao. N’oublions pas non plus que ces chocolats à très forte teneur en cacao contiennent environ 30% de glucides (sucres) et 13% de fibres. En mangeant du chocolat à forte teneur en cacao, les apports importants de sucres et de fibres ont aussi un effet sur la satiété.

 

Peut-on consommer des infusions ou du thé tout au long de la journée sans danger pour sa santé ?

Cécile Marie-Magdelaine : Les infusions et le thé vous apportent de l’eau ; si vous ne buvez pas beaucoup d’eau nature dans la journée, vos besoins hydriques (en eau) sont probablement couverts avec les boissons chaudes citées. Le thé contient de la caféine. Il faut juste voir si le thé en fin de journée ne perturbe pas votre capacité à vous endormir facilement.

La tolérance à la caféine est différente d’un individu à l’autre ; donc si vous faites un lien entre votre consommation de thé et des signes de nervosité, d’insomnies, il vaut mieux en réduire la consommation.
Si vous faite un lien entre d’autre problèmes de santé tels que des maux de ventre avec votre consommation de thé, je vous propose d’arrêter la consommation quelque temps pour vérifier si les deux sont liés. Si les symptômes disparaissent, il y de fortes chances pour qu’il y ait un lien entre votre consommation de thé et le problème de santé alors apparu puis disparu.

Dans les autres cas, si aucun problème de santé n’est pas en lien avec la consommation de thé ou d’infusion, alors rien ne s’oppose à leur consommation. Il faut juste vérifier si la boisson ne vous apporte pas trop de sucre dans la journée : combien de morceaux de sucre mettez-vous dans chaque tasse et combien de tasses consommez-vous par jour ? Si la consommation de sucre est importante, je vous conseille de réduire l’ajout de sucre dans votre boisson chaude, progressivement.

 

En cas de décalage horaire important, doit-on manger immédiatement aux heures du lieu d’arrivée ou conserver ses heures de repas puis les modifier petit à petit ?

Cécile Marie-Magdelaine : Laissez votre appétit vous guider et vous allez réussir à vous caler sur les heures de repas locales. Si vous mangez à 13 ou 14h locale au lieu de midi, il n’y a pas de réel problème. Votre dîner sera également décalé d’une ou deux heures. Si vous êtes en vacances, il faut se laisser vivre et prendre le temps de se poser. Vos heures de nuit seront également décalées, et votre cycle jour/nuit s’adaptera de lui-même.

Si ce voyage est professionnel, vous avez un peu moins de latitudes pour manger aux heures qui vous conviennent le mieux. Les heures de travail guident alors vos heures de repas. Si c’est l’heure du repas en heure locale, mais que vous n’avez pas de réelle faim, essayez de manger mais en petit quantité, avec un peu de féculents quand même pour éviter une faim qui pourrait arriver en plein après-midi par exemple.

 

Que conseilleriez-vous à une femme de 55 ans qui prend du poids malgré une alimentation équilibrée ?

Cécile Marie-Magdelaine : Vérifiez si l’alimentation ne comprend pas trop d’aliments à forte densité calorique, tels que les quiches, les friands, les pâtisseries, la charcuterie, le fromage en excès, les produits sucrés en dehors des repas…

Je vous propose aussi de maintenir, voire d’augmenter l’activité physique régulière. De la marche nordique, du vélo, aller chercher le pain à pieds, du jardinage, un plouf à la piscine avec les copines… Limitez la sédentarité le plus possible. Nous arrivons sur les beaux jours, alors c’est plus facile et plus tentant.

En parler à votre médecin traitant ; la prise de poids n’est pas toujours due à l’alimentation. Votre médecin traitant est en mesure de le vérifier grâce à quelques examens. Voir également avec lui si vous avez un traitement qui peut occasionner une prise de poids.

 

Références : travail et repas

Auteurices

  • MARIE-MAGDELAINE Cécile (Diététicienne)
  • Equipe Offre Prévention de la Mutualité Française

 

Pour aller plus loin

 

mutweb