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Alimentation : les enfants, il ne faut pas leur raconter d’histoire !

 

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Auteurs :

  • LALAU Jean-Daniel (Pr – Médecin nutritionniste)

 

Alimentation : les enfants, il ne faut pas leur raconter d’histoire !

L’ “effet Popeye” (do you remember: Popeye, the sailor man ?) n’opérerait plus.
Quand on dit, en effet, à tout le moins dans l’étude qui suit  : “Cet aliment est bon pour ta santé”, il s’avère que les enfants en mangent… moins. Une telle recommandation s’avère donc contre-productive.
Ça mérite d’y voir de plus près, non ?

Ça partait d’un bon sentiment…

Les mamans, notamment, s’inquiètent légitimement devant les déséquilibres nutritionnels, et tentent souvent de convaincre leurs enfants lors des repas : « C’est bon pour toi » ; « Mange ta soupe, comme ça tu seras fort ; « C’est bon pour ta santé » ; « Tu verras plus tard, quand tu seras grand(e) ! »
Franchement, quel parent ne s’est pas exprimé ainsi ?
Il n’en reste pas moins à savoir maintenant si une telle recommandation… est efficace.

Il était une fois…

Les auteurs de la présente étude (de l’Université de Chicago) ont mené plusieurs séries de tests auprès d’enfants de 3 à 5,5 ans scolarisés en école maternelle aux Etats-Unis.
Ces tests étaient de nature différente :

  • Un premier groupe d’études a été mené en présentant les qualités nutritionnelles d’un produit jugé neutre (au goût) “MAKES YOU STRONG, en l’occurrence des crackers (aliments très célèbres aux USA), et plus précisément de la marque ‘Wheat Thin’. Cet aliment était présenté comme un « rendant fort « (‘may you strong’). Le test a été réalisé séparément chez des enfants de 4-5 ans, et chez d’autres de 3-4ans.
  • Dans un autre groupe d’études, c’est une histoire cette fois, qui a été contée individuellement, pour valoriser les bienfaits de la carotte et des crackers ‘Tara, who eats baby carrots for a snack before going out to play’ (Tara, qui mange des mini-carottes pour un en-cas avant d’aller jouer dehors), et ce sur l’apprentissage soit de la lecture, soit pour mieux apprendre à compter.

Ces tests ont été menés comparativement à des enfants « contrôles », qui n’ont fait l’objet d’aucune recommandation particulière.

Raconter des salades ?

Au terme des premières études, il est apparu que les enfants consommaient moins de crackers et choisissaient moins souvent les crackers pour les emmener chez eux à la fin du test, quand cet aliment avait été présenté comme « bon pour la santé », comparativement aux enfants « contrôles ».
La différence est importante : 3 crackers en moyenne chez les enfants qui ont fait l’objet de l’étude, contre 9 chez les contrôles. Les enfants jugeaient en outre cet aliment comme « moins savoureux ».
De la même façon, lorsque les carottes ont été présentées comme « utiles pour apprendre à lire ou à compter », les enfants en ont consommé moins ou ont exprimé une intention d’en consommer plus faible. Là encore, la différence s’est avérée importante, avec une réduction d’au moins 50 % de la consommation alimentaire.

Conclusion des cours

Les auteurs ont ainsi montré, au travers de cette série de tests, que la consommation alimentaire des enfants, qu’elle soit réelle ou intentionnelle, est moindre dans les situations où les aliments ont été présentés comme bénéfiques.
Les auteurs concluent pragmatiquement et laconiquement que la meilleure façon de présenter les produits alimentaires aux enfants est de ne les associer à aucun bénéfice (‘we find that when serving food to preschoolers, not presenting the food as instrumental to any goal is best’).

Pour vivre heureux, vivons cachés !
Pour une fois, l’équilibre, ça va mieux en ne le disant pas…

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