Nos cotisations ne vous rendront pas malade !

Blog

Et la santé du sol aussi !

 

pesticide

Auteurs :

  • LALAU Jean-Daniel (Pr – Médecin nutritionniste)

Car le sol, c’est aussi la vie ! Car si nous voulons faire attention à ce nous mangeons, il nous faut faire de plus en plus attention à la qualité des produits. Pas seulement pour leur teneur en glucides simples ou en lipides saturés, en nutriments donc, mais aussi pour leur qualité, tout court. Parce que par les temps qui courent…

 

Des produits « phytos » ou… « sanitaires » ?

Quand on y réfléchit, il est difficile de considérer qu’un produit dit « phytosanitaire » soit « sanitaire » tout court ; quand il s’agit d’insecticide, de fongicide, ou encore d’herbicide.

Ou alors pour la santé du porte-monnaie, pour le rendement agricole généré. Ajoutons encore à cela un produit accélérateur, pour que la plante pousse très vite, et puis un produit frénateur, pour arrêter mais alors tout de suite la croissance végétale et pouvoir récolter dans le laps de temps le plus court possible ; et cela fera une « belle » panoplie de produits au total. Nous ingérerions, dit-on, l’équivalent d’une cuiller de ces produits chaque jour dans nos assiettes.

Vous en reprendrez bien une louche, non ?

La clé du sol

Donc les agriculteurs arrosent gentiment les terres de produits divers et variés. Si c’est peut-être dans une moindre proportion aujourd’hui que par le passé, reconnaissons que c’est surtout en raison d’une meilleure connaissance et/ou une meilleure efficacité des produits, plutôt que par préoccupation écologique foncière.

Des produits en tout cas qui ne sont pas « sanitaires » pour tout le monde. Il n’y a qu’à regarder les tenues de ceux qui répandent sur les pommes par exemple dans un hangar : on se croirait vingt mille lieues sous les mers, avec un scaphandrier, ou sur la planète Mars, avec une combinaison d’astronaute.

Ça veut bien dire ce que ça veut dire…

L’amour est dans le pré ?

Il est évident que ces producteurs ont l’information – au cours de leur formation, dans leurs revues spécialisées j’imagine, ou encore par les médias – sur les effets toxiques des produits phytosanitaires. Sans nul doute aussi ont-ils été informés des communiqués de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sur les effets sur la santé des pesticides ; de la constitution de l’Association Phyto-victimes, dont l’objectif est de faire reconnaître certaines maladies comme professionnelles chez des agriculteurs. C’est fait désormais pour la maladie de Parkinson (décret du 4 mai 2012). Le combat se poursuit pour faire reconnaître d’autres maladies neurodégénératives (comme la maladie d’Alzheimer), des cancers (dont des leucémies et le cancer de la prostate), ou encore des troubles de la fertilité.

Si l’amour est dans le pré, il faut sortir couvert…

Le droit du sol

Mais tout cela, vous le savez. Et tout cela, vous le savez encore, doit être étendu à la pollution en général : à tout ce qui est épandu, sur les terres, et aussi à tout ce qui est répandu, au fond des mers.

De quoi refreiner les appétits ; de quoi compliquer singulièrement la recherche de l’équilibre alimentaire dans le contexte actuel de progression de la précarité. Nous ne saurions pour notre part résoudre l’équation « acheter « beau » (une pomme bien colorée), ou acheter « bio », ou encore « être, ou ne pas être » (à l’équilibre alimentaire et budgétaire) ; simplement un conseil d’usage peut être donné : il vaut mieux éviter les légumes et les fruits « offrant » la plus grande surface d’épandage. S’agissant de la pomme, on peut toujours enlever la peau (mais il faudrait enlever une bonne épaisseur !) ; tandis que la salade… (même si un certain docteur Lalau vous a déjà dit qu’elle n’était pas, au sens strict, un légume).

La pollution au pluriel

Mais tout cela, encore une fois, vous le savez ; je ne fais jamais qu’une piqûre de rappel. Là où je voulais vraiment en venir, c’est que le sol ne nous a rien fait de mal. Alors, pourquoi en faire une déchetterie ? Pourquoi tant de détritus au bord des routes ? Pourquoi les camionnettes devraient-elles se délester de gravas aux abords des chantiers de construction, comme un gros caca sur la verdure ? Pourquoi ces sacs plastiques ou autres contenants partout, même en rase campagne, alors qu’il faudrait deux vies pour voir ce plastique « assimilé » par le sol ?

Oui, comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus de civilité à cet égard ?

Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’éducation sanitaire aussi, et même d’éducation tout court ?

Je verrais bien une « pub » faire dire en direction de celui qui jette un détritus, de façon mi-humoristique, mi-offusquée : « Mais tu es (vous êtes) dégueulasse ! ».

Est-ce juste de faire payer à nos enfants de payer un impôt sur la succession, en leur léguant un sol empoisonné ?

mutweb