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Le végétarisme

 

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Auteurs :
  • DOMIZI Marie-Gabrielle (Diététicienne- nutritionniste)
  • Equipe Offre Prévention de la Mutualité Française

 

Le végétarisme

L’alimentation végétale revêt un intérêt grandissant dans le quotidien des français et se caractérise par différents courants avec chacun leurs spécificités. Cependant, seulement 5 % de la population aurait pleinement adopté le végétarisme et le végétalisme.

Le courant le plus représentatif, le végétarisme, consiste à ne plus manger d’aliments nécessitant la mort d’un animal : ni viande, ni poisson, ni fruits de mer… tout en continuant à consommer des produits issus d’animaux (œufs, produits laitiers, fromages, miel…) : on le retrouve aussi sous la dénomination d’ovo-lacto-végétarisme. Le pesco-végétarisme avec exclusion des viandes mais consommation de poisson et de fruits de mer n’est pas du végétarisme même s’il s’en approche, ce qui entretient une certaine confusion.

Dans la pratique, le végétarisme bien équilibré est bénéfique pour la santé. Il concilie bien-être, engagement éthique et environnemental car ce mode de vie, adapté à de nouvelles réalités, cherche aussi à répondre à des problématiques actuelles.

Un peu d’histoire

Il ne s’agit pourtant pas que d’un phénomène de mode ! Bien au contraire, cette doctrine diététique est millénaire : on trouve les traces de ses origines tout d’abord en Inde, terre du respect animal et de la non-violence, à partir du VIIIème siècle avant J.C. L’Occident mettra un petit peu plus de temps puisqu’il faudra attendre l’Antiquité et l’arrivée d’un précurseur, un certain Pythagore. Ce grand savant, philosophe et mathématicien connu pour son théorème mais surtout perçu comme un sage de la douceur, de la tempérance et de la bienveillance, énonçait une philosophie dans laquelle la croyance de la réincarnation empêchait de gouter les chairs animales.

Il est d’ailleurs souvent cité comme étant le premier végétarien, et son travail, ainsi que celui de ses disciples (à qui il interdisait de consommer des produits animaux et même de porter de la laine ou de la fourrure pour se vêtir), a eu une influence décisive dans l’émergence du végétarisme. A partir de ce moment là, c’est à dire vers 530 avant J.C, la question de la consommation animale sera sans cesse évoquée avec clarté par les plus grands penseurs qui vont lui succéder : Socrate, Platon, Virgile, Sénèque et bien d’autres.

Au siècle des lumières, Voltaire et Rousseau vont continuer à prôner le végétarisme, s’opposant même à la doctrine chrétienne anthropocentrique qui veut que l’animal ait été créé pour être au seul service de l’homme. Autant dire qu’à cette époque, ils se mettaient dans des situations assez fâcheuses : certains penseurs engagés finiront même par mettre fin à leur régime végétal par craintes de représailles !

C’est donc dans ce contexte qu’il faudra attendre le 19ème siècle pour que le mot végétarien soit créé, à partir du latin végétus signifiant « sain, frais et vivant ».

L’opposition entre végétariens et omnivores n’est donc pas un sujet récent et reste encore ancrée dans notre société qui donne une place importante à la viande.

Ce phénomène s’est accentué au moment de l’industrialisation et du développement de l’agriculture intensive dans les années 60. En effet, même si l’Homme a toujours mangé des produits animaux, les consommations excessives actuelles ne datent finalement que de quelques générations. L’importance de la viande dans les repas français et son rôle dans l’intégration sociale sont tellement ancrés que cela positionne presque les végétariens comme des intrus autour de la table.

Quel impact sur la santé ?

Du point de vue médical, le végétarisme a fait ses preuves et il convient à tous, il est bon pour la santé, adéquat sur le plan nutritionnel et même bénéfique pour la prévention et le traitement de certaines maladies : citons les maladies cardiovasculaires (coronariennes), les cancers colorectaux et même le diabète. Cela s’explique par le fait que ce mode d’alimentation permet de consommer moins de graisses saturées, plus d’huiles végétales riches en bons acides gras (oméga 3, 6, 9), plus de fibres et d’antioxydants via les fruits et les légumes.

Les détracteurs du végétarisme mettent en avant de possibles carences mais celles-ci n’ont pas lieu d’exister à condition de respecter les besoins nutritionnels universels, et ceux plus spécifiques des publics sensibles (enfants, femmes enceintes ou allaitantes, seniors). Cependant, il peut être bon parfois de se faire accompagner par un professionnel de la nutrition, surtout au début de la transition alimentaire, ceci afin d’apprendre tout simplement à équilibrer ses menus. Cet accompagnement devient nécessaire en cas de maladies chroniques (diabète, colopathies…).

De manière générale, inviter de la variété dans les menus suffit : l’alimentation végétale repose sur des plats composés de fruits, légumes, céréales, oléagineux, légumineuses, matières grasses végétales et même de plus en plus de plats traditionnels sont végétalisés. On peut aussi s’aider de nombreuses recettes disponibles dans des livres, la presse, les réseaux sociaux et les blogs spécialisés.

Quelques éléments sont essentiels : les protéines (les acides aminés essentiels), les acides gras oméga 3 (notamment le DHA), le calcium, le fer, la vitamine B12, la vitamine D, le zinc et l’iode.

Il est conseillé de faire de temps en temps un bilan sanguin de contrôle pour surveiller les constantes biologiques, le calcium et le fer en particulier.

Il est important de souligner aussi que si l’on évoque souvent les carences, les excès ne sont pas souhaitables non plus ; c’est pourquoi, il n’est pas recommandé de s’auto-complémenter sans se référer au préalable auprès du corps médical.

Qui sont les végétariens ?

Quant au profil des végétariens, il est assez difficile à déterminer pleinement mais d’après la synthèse du panorama du végétarisme en Europe, il s’agit plutôt de jeunes, au statut de cadres et urbains. En effet, les jeunes générations (moins de 35 ans) affichent une plus grande sensibilité environnementale et notamment se préoccupent de l’impact de l’élevage intensif au niveau de la planète.

Plusieurs paramètres (motivations, valeurs, effet d’âge) laissent à penser que la progression du végétarisme semble s’affirmer. Même s’il reste encore très minoritaire, ce courant a une influence qui va au delà de ses adeptes car il bénéficie d’un terrain porteur : médiatisation croissante, impact des actions des associations de défenses des droits des animaux, urbanisation, développement de l’offre végétale, instauration de menus végétariens en restaurations collectives…

On remarque qu’il y a une conscience qui commence à toucher tout doucement l’ensemble de la population française : une tendance grandissante vers le flexitarisme, c’est à dire le souhait de manger moins de viande sans l’exclure totalement avec cet état d’esprit du « consommer moins mais mieux ». Une étude a aussi montré que les différentes périodes de confinement liées à la crise sanitaire actuelle de la COVID ont aidé à la promotion du végétarisme en levant certains freins et quelques idées reçues.

L’alimentation végétarienne est donc en plein essor, et ne présente pas de risques pour la santé si l’alimentation reste variée !

Sources

Crédoc (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) : Panorama de la consommation végétarienne en Europe – synthèse FranceAgrimer. Edition Octobre 2019

Vegetarian and Plant-Based Diets in Health and Disease Prevention», Pr Mariotti, Academic Press, 2017. (2) Am J Clin Nutr March 2013, vol. 97 no 3 597-603. (3) J Am Coll Nutr, 2017 Jul ; 36 (5): 364-369. (4) Jama Intern Med 2015 ; 175 (5): 767-776.

Renan Larue, Le Végétarisme et ses ennemis, Paris, Puf, 2015

https://www.franceagrimer.fr/Mediatheque/INFORMATIONS-ECONOMIQUES/VIANDES/Panorama-de-la-consommation-vegetarienne-en-Europe-synthese-FranceAgriMer

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