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Alcool et tabac, des drogues

Alcool et tabac, des drogues

 

L’Enquête sur les représentations, opinions, perceptions sur les produits psychotropes (EROPP) , a été menée par l’Observatoire français des drogues et toxicomanies en 1999, 2002, 2008,2013 et 2018, et notamment autour de l’alcool et du tabac. Elle permet de faire le point sur les appréciations des Français vis-à-vis des produits, de leurs usagers et des grandes orientations de la politique publique sur une période de plus de vingt ans. Le thème des drogues est cité par 13 % des Français, loin derrière la pauvreté (59 %) et le chômage (42 %) et moins souvent que la pollution (39 %) et l’insécurité (35 %). Au total, 2 001 personnes ont été interrogées par téléphone (dont 55 % téléphones cellulaires).

Une différence par rapport aux enquêtes précédentes qui interrogeaient les 15_75 ans, l’étude 2018 s’est limitée aux majeurs (18-75 ans), car les enquêtes auprès des mineurs sont plus difficiles à mener, notamment sur un sujet sensible tel que les drogues.

 

Connaissance des drogues

A la question « quelles sont les principales drogues que vous connaissez ? » :

  • le cannabis reste le produit le plus souvent cité (88 %, soit +11 points par rapport à 1999), suivi par la cocaïne (68 %, soit +15 points par rapport à 1999), l’héroïne (50 %, soit +5 points par rapport à 1999), le LSD (30 %, soit +2 points par rapport à 1999) et l’ecstasy (27 %, soit -12 points par rapport à 1999).
  • l’alcool (24 %, soit +3 points par rapport à 1999) et le tabac (22 %, soit +1 point par rapport à 1999) arrivent donc en 6ème et 7ème places.

Malgré le fait que les drogues licites ne soient pas spontanément citées comme des drogues :

  • 66 % des personnes interrogées adhèrent à l’opinion que « l’abus d’alcool pose plus de problèmes à la société que l’usage des drogues (illicites » et
  • Plus de la moitié (55 %) pensent de même pour le tabagisme.

 

L’alcool et le tabac : des drogues licites moins souvent perçues comme dangereuses

Les drogues illicites autres que le cannabis sont toujours considérées représenter un risque majeur pour la santé : 84 % considèrent l’héroïne comme dangereuse dès son expérimentation et 77 % ont le même avis sur la cocaïne. Pour le cannabis, cela ne concerne qu’une personne sur deux (48 %) ; 34 % des personnes interrogées situent le seuil de dangerosité à partir d’une consommation quotidienne.

A l’inverse des drogues illicites, les drogues licites sont moins souvent considérées comme dangereuses dès la première consommation : 34 % pour le tabac et 10 % pour l’alcool. C’est l’usage quotidien qui est considéré comme dangereux : 51 % pour l’usage quotidien du tabac et 79 % pour l’usage quotidien de l’alcool.

 

L’alcool et le tabac : évolution des seuils de dangerosité perçue

En ce qui concerne le tabac, l’estimation du seuil de dangerosité a évolué depuis 20 ans : près d’un Français sur deux (49 %) considère que l’expérimentation ou l’usage occasionnel du tabac constituent déjà des « usages nocifs et dangereux pour la santé ». Par rapport à 1999, il y a une augmentation de 27 points, soit plus du double. De plus, 15 % des personnes interrogées estiment que l’on peut fumer jusqu’à 10 cigarettes par jour sans danger pour la santé.

En ce qui concerne l’alcool, l’estimation du seuil de dangerosité a évolué depuis 20 ans : plus d’un Français sur cinq (21 %) considère que l’expérimentation ou la consommation occasionnelle d’alcool constituent déjà des « usages nocifs et dangereux pour la santé ». Par rapport à 1999, il y a une augmentation de 14 points, soit le triple. Mais cependant, 45 % des personnes considèrent qu’il est acceptable de boire son premier verre d’alcool avant l’âge de 18 ans.


Il faut réduire l’accès plutôt que d’augmenter les taxes

La majorité des personnes interrogées (55 %) ne sont pas d’accord pour augmenter les taxes dans le but de réduire la consommation de tabac : les 45 % de fumeurs favorables à cette mesure représentent 17 % des fumeurs et 55 % des non-fumeurs.

Pour l’alcool, la grande majorité des personnes interrogées (68 %) sont en désaccord avec le fait d’augmenter les taxes sur l’alcool de manière régulière : pour les 32 % favorables à cette mesure, on dénombre 22 % des consommateurs hebdomadaires d’alcool et 36 % des consommateurs plus occasionnels d’alcool. Ils proposent une interdiction totale de la publicité pour l’alcool (38 % sont « tout à fait d’accord » et 27 % « plutôt d’accord »), ainsi que la vente d’alcool dans des boutiques spécialisées (30 % sont « tout à fait d’accord » et 31 % « plutôt d’accord »), où le contrôle de l’âge des acheteurs sera plus efficient.

 

Ressources :

Auteurices :

  • ARVERS Philippe (Dr – Médecin addictologue et tabacologue)
  • Equipe Offre Prévention de la Mutualité Française

 

Pour en savoir plus :

Cannabis, pire que le tabac

La dépendance au tabac

SPILKA S. et al. Drogues : perceptions des produits, des politiques publiques et des usagers. Tendances n° 131, OFDT, 8 p. Avril 2019

BRISSOT A. et SPILKA S., « Opinions et perceptions sur les drogues en 2018 », dans Drogues et addictions, données essentielles, Paris, OFDT, 2019, pp. 87-90.