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Cancer du poumon et arrêt du tabac

Cancer du poumon et arrêt du tabac

J’ai un cancer du poumon : une occasion supplémentaire pour arrêter de fumer

Chaque année, le tabac tue plus de 8 millions de personnes dans le monde, qu’il s’agisse de tabagisme actif (7 millions de personnes) ou passif (1,2 millions de personnes), et ceci représente 7% des décès chez la femme et 20% des décès chez l’homme. Le tabac reste l’un des plus répandus et évitables des facteurs de risque de cancers et de décès par cancer. Il est associé de manière causale à différents types de cancers, incluant le cancer de la cavité buccale, de l’œsophage, du poumon, de l’estomac, du pancréas, du rein, de la vessie et du col de l’utérus (BEH mai 2019 ).

 

Le cancer du poumon

Le cancer du poumon se situe au 3e rang des cancers incidents, tous sexes confondus. Il se place au 2e rang des cancers chez l’homme et au 3e rang chez la femme. Quel que soit l’âge observé, l’incidence de ce cancer est plus élevée chez l’homme que chez la femme, toutefois l’écart se resserre au détriment de ces dernières (Institut national du cancer, 2021).

L’évolution des cas de ce cancer dans la population féminine pose question. En effet, alors que l’incidence du cancer du poumon est globalement stable, voire diminue, chez l’homme et que la mortalité est en baisse, ce n’est pas le cas chez la femme. Au contraire : les taux d’incidence comme de mortalité féminines sont en forte progression depuis 1990 (sauf chez les femmes nées après 1965, pour lesquelles les derniers chiffres disponibles montrent une inflexion de la mortalité). Ce phénomène est essentiellement lié à l’augmentation de la consommation tabagique des femmes. 

La survie nette à 5 ans standardisée sur l’âge des personnes atteintes d’un cancer du poumon augmente faiblement, de 13 % en 1989-1993 à 17 % en 2005-2010, puis 20 % en 2010-2015, mais reste mauvaise.

 

Le rôle du tabac dans le cancer broncho-pulmonaire

La fumée de tabac contient de nombreuses substances irritantes (comme l’acroléine) et cancérogènes (comme les nitrosamines, le benzopyrène, les goudrons, le formaldéhyde ou l’acétaldéhyde).

Le tabac est responsable de plus d’un décès sur 7, soit 13%. La part attribuable au tabac dans le cancer du poumon est de 88%  chez l’homme et de 67% chez la femme (BEH, 2019).

 

Impact de l’arrêt du tabac sur la survenue d’un cancer du poumon

Une étude publiée dans le British Medical Journal en 2004 (Doll, Peto et Sutherland) a estimé le risque cumulé de cancer du poumon chez des sujets qui ont continué à fumer régulièrement et chez des sujets ayant arrêté, en fonction de l’âge à l’arrêt. A 75 ans, le risque de cancer du poumon est égal à :

  • 16 % chez les fumeurs ayant continué à fumer,
  • 10 % chez les sujets ayant arrêté à 60ans,
  • 6 % chez les sujets ayant arrêté à 50 ans,
  • 3 % chez les sujets ayant arrêté à 40 ans, et
  • 2 % chez les sujets ayant arrêté à 30 ans.

Il y a donc bénéfice à arrêter de fumer à tout âge, mais ce bénéfice sera d’autant plus important que l’arrêt aura été précoce. Ce qui importe c’est l’ancienneté du tabagisme et non la quantité consommée : réduire sa consommation de tabac ne diminuera pas pour autant le risque de décès par cancer du poumon. Ainsi, 5 ans après la dernière cigarette (Tabac Info Service), le risque de cancer du poumon diminue presque de moitié.

 

Impact de la poursuite du tabac après le diagnostic d’un cancer du poumon

Une étude publiée en décembre 2013 (Li Tao et al.)  montre que le risque de décès a été augmenté de 76% pour les patients qui ont continué à fumer après diagnostic de cancer. Ainsi, le risque de décès était multiplié par 2 pour les cancers du poumon, de l’estomac et du colon-rectum, et ce risque multiplié par 3 pour le cancer de la vessie.

On observe aussi :

  • une diminution de l’efficacité et de la tolérance des chimiothérapies et radiothérapies (Dresler, 2003 ),
  • une augmentation du risque peropératoire (Robles, 2004 ),
  • une diminution de la qualité de vie (Quantin et al., 2007 ).

Ne pas arrêter de fumer favorise la récidive du cancer (Robles, 2004 ; Rieken et al., 2015) ou la survenue d’un deuxième cancer (Kawahara et al., 1998  ; Richardson et al., 1993 ; Aredo et al., 2021).

 

Intérêt de l’arrêt du tabac après le diagnostic de cancer

En fait, l’arrêt immédiat du tabac est plus facile : les patients sont plus âgés, ils sont plus motivés, la décision d’arrêt plus mature, et le taux d’arrêt est supérieur (à 5 mois : 22 % des sujets ayant un cancer broncho-pulmonaire versus 14 % en population générale).

Dans l’étude chinoise (Li Tao et al.) , de plus, la durée de survie de ceux qui avaient arrêté de fumer après diagnostic de cancer était deux fois plus élevée (par rapport à ceux qui avaient continué de fumer après diagnostic de cancer). Les auteurs précisent que seule une petite partie des patients recevant leur diagnostic va recevoir le conseil formel d’arrêter de fumer de la part du médecin ou des autres soignants.

Une étude plus récente (Jang et al., 2020) montre que, parmi les patients traités par chirurgie de leur cancer colo-rectal, ceux qui avaient arrêté de fumer après le diagnostic de cancer étaient moins nombreux à décéder comparés à ceux qui continuaient à fumer (baisse de 20%).

L’Institut national du cancer (InCA) a publié en 2018 un outil synthétique d’aide à la pratique professionnelle visant à systématiser l’accompagnement à l’arrêt du tabac dans la prise en charge du patient atteint de cancer. Un autre document synthétique, destiné aux patients, vise à les aider à faire le point sur leur consommation de tabac et sur les possibilités d’aide au sevrage.

Vous avez peut-être été confronté à cette situation, ou un membre de votre famille, ou proche : quelle a été votre réaction ? Avez-vous été accompagné dans cette démarche ?

 

Références :

Auteurices :

  • ARVERS Philippe (Dr – Médecin addictologue et tabacologue)
  • Equipe Offre Prévention de la Mutualité Française

 

Pour aller plus loin :

 

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