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Les troubles anxieux

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Auteurs :

  • Equipe Offre Prévention de la Mutualité Française
  • Pr  Antoine Pelissolo, Psychiatre

 

L’essentiel sur les troubles anxieux

Il est important de différencier l’anxiété simple et occasionnelle du trouble anxieux.

Tout le monde peut éprouver de l’anxiété à différents moments de sa vie : changement de travail, chômage, maladie, étapes clés de la vie. La plupart du temps, il est tout à fait normal d’éprouver de l’anxiété : c’est un sentiment courant qui peut même devenir stimulant.

Mais l’anxiété devient négative et néfaste pour l’individu, lorsque les symptômes sont importants et persistants au point de paralyser son quotidien. Lorsqu’elle procure un état de stress permanent, de malaise, ou une impression d’insécurité, on parle de trouble anxieux.

Le trouble anxieux se définit comme :

  • un état de stress injustifié et intense qui perdure au moins plusieurs mois,
  • une anxiété qui trouble le fonctionnement habituel d’une personne et qui affecte son comportement au travail ou dans les domaines de la vie personnelle.

 

Qui est concerné ?

Les troubles anxieux se manifestent plus souvent chez les femmes que chez les hommes. Ils débutent en général à l’adolescence ou avant 30 ans, mais il existe des débuts dans l’enfance et plus tardivement dans la vie.

Il existe différents troubles anxieux :

  • les troubles obsessionnels compulsifs (les TOC),
  • les phobies,
  • les crises ou troubles paniques,
  • le trouble anxieux généralisé,
  • le syndrome de stress post-traumatique,
  • le trouble d’anxiété sociale ou phobie sociale.

 

Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)

Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont des troubles anxieux caractérisés par la répétition d’images ou de pensées perturbantes qu’il est difficile de chasser de son esprit.

Pour calmer ses peurs, ses angoisses et tenter de contrer des pensées effrayantes ou dérangeantes, la personne atteinte de TOC va multiplier les mêmes gestes, accomplir des rituels pour calmer ses angoisses, et empêcher que ses peurs se concrétisent.

Malheureusement le soulagement n’est que de courte durée et le cycle des TOC doit sans cesse recommencer pour tenter de garder le contrôle sur les choses.

Les personnes victimes de TOC sont conscientes du caractère irrationnel et disproportionné de leurs obsessions, mais elles sont dans l’incapacité de les contrôler.

Les TOC ne sont pas de simples petites manies, il s’agit véritablement d’actions répétées à l’extrême et qui modifient radicalement le comportement de la personne. Elles peuvent se répéter de quelques minutes à plusieurs heures par jour.

La souffrance due à ses obsessions et rituels, la perte de temps et la honte ressentie par la personne s’accompagnent souvent d’un isolement social et professionnel.

 

Les obsessions et les compulsions les plus fréquentes 

Les obsessions les plus fréquentes :

  • la peur de la contamination et des germes,
  • le doute sur ses actes et ses pensées en cours ou antérieures,
  • le besoin de symétrie et d’organisation poussée à l’extrême,
  • la peur de blasphémer ou d’avoir des pensées obscènes,
  • la peur de jeter des objets dont on pourrait avoir besoin,
  • la peur de blesser ou tuer quelqu’un sous le coup d’une impulsion incontrôlable.

Les compulsions les plus fréquentes :

  • les vérifications très fréquentes : gaz éteint, porte fermée, lumière éteinte etc.,
  • le besoin de tout compter,
  • le lavage intensif des mains, les douches ou le ménage à répétition,
  • le rangement et le classement excessif, ou la tendance à l’accumulation,
  • éviter de conduire pour ne pas tuer quelqu’un avec sa voiture.

 

Traitement du TOC

Les premiers symptômes d’un TOC apparaissent souvent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.

Les causes d’apparition des TOC restent encore incertaines. Les chercheurs soupçonnent des facteurs familiaux ou génétiques d’être responsables de certains TOC, mais pour l’instant rien n’est avéré. Il se peut également qu’un dysfonctionnement neurologique soit responsable de ces compulsions.

Il existe différents traitements pour lutter contre les TOC ou au moins en réduire fortement la fréquence. Des antidépresseurs sérotoninergiques sont souvent prescrits pour lutter contre les angoisses et réduire la fréquence des compulsions.

Cette médication est combinée au suivi d’une thérapie cognitivo-comportementale, pour que le patient se confronte à ses peurs et ses obsessions, et pour qu’il apprenne à les relativiser.

L’objectif des exercices thérapeutiques est de montrer au patient, par l’expérience, que les événements qu’il redoute ne se produisent pas, même quand il n’accomplit pas ses rituels.

 

Les phobies

Une phobie est une peur irrationnelle et intense face à une situation ou un objet précis. Les personnes phobiques sont conscientes du caractère exagéré de leur peur mais utilisent tous les moyens pour éviter la situation ou l’objet source d’angoisse.

Environ 1 personne sur 10 souffre de phobies et le phénomène touche plus largement les femmes que les hommes. 

On différencie la phobie de la simple peur par son caractère excessif et paralysant.

Une personne qui a simplement peur parviendra à canaliser sa crainte et à affronter l’objet de ses angoisses. Une personne souffrant de phobie adoptera des techniques ou des stratégies pour éviter de façon systématique la situation et/ou fuir l’objet de sa phobie.

Il s’agit d’une peur intense, persistante et incontrôlable, qui peut handicaper au quotidien.  Cette peur peut avoir d’importantes répercussions sur la vie sociale et professionnelle de la personne souffrant de phobies.

Les phobies se déclenchent souvent au moment de l’adolescence ou au début de l’âge adulte, mais elles peuvent aussi trouver une origine dans un traumatisme ou une expérience liée à la petite enfance.

 

Les phobies les plus courantes

Les phobies les plus courantes sont :

  • la peur des animaux : araignées, serpents, souris, chats, chiens, etc.,
  • la peur du sang, des piqures, des blessures ou des procédures médicales,
  • la peur du vide, de l’eau, des orages, etc.,
  • la peur de situations particulières : l’enfermement (ascenseur), les lieux clos, se trouver au milieu de la foule, etc.,
  • la peur des maladies : la peur de vomir ou de tomber malade par exemple.

En plus de ces phobies « spécifiques », il existe des phobies plus complexes, associées à des scenarios de peur particuliers : l’agoraphobie (peur de faire un malaise ou une attaque de panique dans un lieu dangereux) et la phobie sociale (peur du jugement négatif d’autrui dans une situation relationnelle).

 

Traitement des phobies

Alors que les phobies peuvent véritablement engendrer des problèmes au sein du cercle social, familial ou professionnel chez certaines personnes, d’autres en revanche peuvent avoir développé des phobies, sans ressentir le besoin de chercher un traitement.

C’est pourquoi, il peut être difficile de connaître l’évolution de ces phobies. Elles sont considérées comme assez faciles à traiter. Une thérapie cognitivo-comportementale basée sur l’exposition réelle, ou initialement en imagination, du patient à sa peur permet de réduire progressivement l’intensité de la peur.

Contrairement aux autres troubles anxieux, il n’existe pas de traitement médicamenteux efficace contre les phobies spécifiques. Des prescriptions ponctuelles de benzodiazépines peuvent être faites dans une situation aiguë (trajet en avions par exemple), mais n’ont pas d’effet bénéfique à long terme. 

 

Le trouble panique

On appelle trouble panique la répétition d’attaques de panique, qui sont des crises d’angoisse aiguë au cours desquelles la personne sent son corps lui échapper et a peur de mourir ou de devenir folle.

Le trouble panique s’accompagne également de l’appréhension, voire la peur face à l’arrivée de nouvelles crises. La personne victime de crises de panique a tendance à appréhender la prochaine crise, car elle ne sait pas quand, ni où, cela va se reproduire. Si cette appréhension continue dure plus d’un mois, avec des répercussions dans la vie quotidienne, on parle alors de trouble panique.

Face à un danger réel, une peur isolée s’apparente à une réaction indispensable à la survie, avec une mise en hyperactivité du corps pour faire face à la menace et réagir au mieux. Mais dans le cas d’un trouble panique, l’alarme se déclenche sans danger réel, et engendre un cercle vicieux car la peur s’auto-alimente (peur de la peur).

Les attaques de panique se compliquent souvent d’agoraphobie, car la personne redoute les lieux ou les situations dans lesquelles une crise aurait plus de chance de survenir ou auraient des conséquences plus graves : lieux clos, foule, lieu éloigné de chez soi, isolement des proches, etc.

Une période de grand stress, de pression et de tension peut faciliter l’apparition d’attaques de panique, comme par exemple, le décès d’un proche, un accident, une maladie, une séparation. Des prises de drogue ou des sevrages peuvent aussi être en cause. Mais les éléments déclencheurs ne sont pas toujours identifiables et le trouble panique est parfois difficile à diagnostiquer, car il peut être confondu avec d’autres troubles psychiques ou physiques.

Ce trouble anxieux touche 2 fois plus de femmes que d’hommes, apparait le plus souvent entre 20 et 30 ans, et peut persister de nombreuses années et se compliquer de dépression en l’absence de traitement.

 

Symptômes du trouble panique

La personne victime d’une crise de panique voit son corps manifester tous les signaux physiques et psychologiques de la terreur :

  • sueurs,
  • souffle court, sensation d’étouffement, hyperventilation,
  • palpitations,
  • malaise thoracique,
  • picotements dans les membres, tétanie,
  • bouffées de chaleur ou frissons,
  • tremblements,
  • peur de mourir ou de devenir fou,
  • nausées,
  • sensation de vertige, d’évanouissement.

Les crises durent de quelques minutes à une demi-heure environ, et finissent toujours par s’apaiser d’elles-mêmes. En l’absence de pathologie somatique associée, les attaques de panique n’ont aucune conséquence grave au plan physique et ne s’accompagne d’aucun risque vital.

 

Traitement et prévention du trouble panique

Le diagnostic de la maladie apporte déjà un grand soulagement au patient, qui a souvent peur qu’on le prenne pour un fou ou de souffrir d’une maladie physique.

Le traitement du trouble panique se fait la plupart du temps par la combinaison de thérapies comportementales et  cognitives et de médicaments (antidépresseurs). Les anxiolytiques peuvent être utiles pour écourter une crise d’angoisse mais il faut les utiliser avec précaution car ils peuvent créer rapidement une dépendance, sans effet thérapeutique de fond.

La durée du traitement dépend de la durée de la maladie, de l’intensité et de la gravité des symptômes, mais est d’au moins 6 à 12 mois.

 

Le trouble anxieux généralisé

Le trouble anxieux généralisé (TAG) est un état d’anxiété permanente, présent depuis plus de 6 mois et qui n’est pas lié à un événement ou une situation précise. Il associe des inquiétudes incontrôlables et injustifiées à des signes de tension physique continus presque tous les jours.

L’anxiété peut apparaitre à des moments clés de la vie, comme l’adolescence, la ménopause ou lors de changements importants dans la vie. Elle peut être positive, quand elle est stimulante et permet à la personne anxieuse de retrouver un regain d’énergie et de motivation.

Mais quand cette anxiété est constante, intense, extrême, pathologique, on parle de trouble anxieux généralisé (TAG)

Le TAG peut paralyser la personne qui en souffre et altérer le fonctionnement de son quotidien, dans la sphère privée et/ou professionnelle.

Environ 2 à 3% de la population en souffrirait, les femmes deux fois plus que les hommes. Le trouble anxieux généralisé est difficile à diagnostiquer et il s’agit d’un trouble difficile à définir, souvent jugé comme étant subjectif.

Les sujets sur lesquels se portent les inquiétudes sont divers et plus ou moins graves selon les cas, notamment dans domaines suivants :

  • la santé pour soi-même ou ses proches,
  • l’état des finances,
  • les problèmes familiaux,
  • la vie professionnelle et l’avenir en général.

 

Symptômes du trouble anxieux généralisé

Différents symptômes peuvent trahir le TAG et témoigner d’une tension motrice et d’une hypervigilance face à tous les événements possibles du quotidien :

  • fatigue musculaire, douleurs dorsales ou cervicales,
  • troubles du sommeil, irritabilité, troubles de la concentration, réactions de sursaut,
  • douleurs physiques, troubles digestifs, frissons, bouffées de chaleur.

 

Traitement du trouble anxieux généralisé

Le traitement du trouble anxieux généralisé est surtout basé sur une hygiène de vie plus saine et la pratique de la relaxation, afin de mieux gérer le stress.

Une thérapie comportementale et cognitive peut être utile pour contrôler les symptômes et surtout éviter les rechutes, de même que la pratique des thérapies de méditation en pleine conscience (mindfulness). Dans les formes sévères, un traitement médicamenteux au long cours par antidépresseur peut être utile en complément de la psychothérapie. L’usage des anxiolytiques et de somnifères à court terme est possible pour passer un cap difficile, mais le risque d’une consommation chronique et d’une dépendance est élevé.

 

Le syndrome de stress post-traumatique

Le syndrome de stress post-traumatique (ESPT) est un trouble anxieux qui se déclare suite à l’exposition à un événement traumatisant ayant provoqué la mort, des menaces de mort, des blessures graves et/ou une menace à l’intégrité physique, agression physique, sexuelle ou après avoir été témoin d’un événement particulièrement inhabituel et violent.

L’état de stress post-traumatique se déclenche en principe dans les 3 mois suivant le traumatisme, mais les symptômes peuvent apparaître plus tard, jusqu’à plusieurs années après le traumatisme.

L’ESPT peut concerner des individus de tout âge et de toutes conditions sociales. Les femmes risquent 2 fois plus d’être affectées par un ESPT qu’un homme.

 

Symptômes de l’ESPT

Le comportement de la personne en état de stress post-traumatique change de manière assez évidente :

  • Reviviscence des événements vécus comme s’ils étaient à nouveau présents (flash-backs), avec une grande angoisse,
  • repli sur soi et tristesse : les personnes atteintes ont tendance à se renfermer sur elles-mêmes, à être beaucoup plus introverties, à éprouver une grande lassitude et de la tristesse,
  • troubles du sommeil : les cauchemars liés à l’événement traumatisant, les terreurs nocturnes sont des symptômes courants chez la personne en état de stress post-traumatique,
  • impression constante d’être en danger et tentatives d’évitement de souvenirs liés à l’événement,
  • extrême irritabilité et comportement violent,
  • dépression et pulsions suicidaires.

Le risque d’addiction à l’alcool ou à d’autres drogues est élevé en cas d’ESPT chronique et sévère.

 

Traitement de l’ESPT

Le traitement le plus efficace pour soigner l’état de stress post-traumatique est un traitement psychologique accompagné de la prise de médicaments antidépresseurs.

Une thérapie cognitivo-comportementale est le plus souvent recommandée afin d’aider la personne souffrant de stress post-traumatique à se confronter aux souvenirs et à la situation qui l’a traumatisée, tout en étant dans un environnement protégé. Les techniques d’EMDR (désensibilisation par exposition en imagination et utilisation de mouvements oculaires) peuvent être très efficaces. L’objectif est de rendre le souvenir de l’expérience traumatisante moins effrayant et d’aider à atténuer puis résorber les symptômes de l’ESPT.

 

Le trouble d’anxiété sociale ou phobie sociale

Le trouble d’anxiété sociale, appelé également phobie sociale, est une peur importante et persistante dans les situations relationnelles par peur d’être jugée négativement, humiliée ou simplement regardée. On parle de phobie sociale, et non de simple timidité, lorsque cette crainte provoque des angoisses violentes et des modifications du comportement pour éviter le contact avec les autres.

Les phobies sociales sont présentes dans des situations telles que parler devant un public, parler à des personnes d’autorité ou manger en groupe. La personne atteinte d’anxiété sociale a peur d’être jugée de façon négative et d’être ridiculisée, du fait de présumés faiblesses ou défauts d’attitude ou de compétences.

Tout le monde peut éprouver du trac,  de la peur ou de la gêne dans des situations similaires. Mais la phobie sociale est plus intense, beaucoup plus handicapante au quotidien qu’une simple timidité. Elle est vécue comme étant insurmontable par la personne qui en souffre.

L’anxiété sociale peut trouver ses origines dans une faible estime de soi, une tendance à l’autocritique, une dépréciation de sa propre valeur estimée, moindre par rapport aux autres.

La phobie sociale peut avoir pour origine un événement ou des expériences durant lesquelles la personne a été moquée ou rabaissée. L’enfance et l’adolescence sont des périodes au cours desquelles la phobie sociale peut trouver sa source.

Les symptômes caractéristiques de l’anxiété sociale sont des sensations de mal être dans certaines situations sociales, et fréquemment des signes physiques qui sont redoutées par peur de montrer sa gêne (rougissements tremblements, troubles de l’élocution). La personne qui en souffre peut avoir des comportements d’évitement et s’empêcher de faire des activités qui pourtant l’intéressent. Ce comportement conduit souvent les personnes victimes de ce syndrome à s’isoler socialement et à se renfermer sur elle-même, et parfois à consommer de l’alcool pour faciliter les contacts avec autrui.

 

Les symptômes de la phobie sociale

Des symptômes physiques révèlent cette anxiété, quand la personne est confrontée à ces situations qui la mettent mal à l’aise :

  • transpiration, rougissements,
  • palpitation cardiaque,
  • troubles digestifs,
  • bouche sèche,
  • attaques de panique.

 

Traitement de la phobie sociale

La phobie sociale peut disparaître progressivement avec le temps ou avec l’aide de proches. Mais une thérapie comportementale et cognitive, basée sur des jeux de rôle et l’apprentissage de techniques d’affirmation de soi et de gestion des émotions, peut être très efficace. Dans les formes très sévères, quand les symptômes anxieux sont très présents et invalidants, un traitement complémentaire par antidépresseur peut être justifié.

 

Références

Les troubles obsessionnels compulsifs (les TOC)

Les phobies

Les crises ou troubles paniques

Le trouble anxieux généralisé

Le syndrome de stress post-traumatique

Le trouble d’anxiété sociale ou phobie sociale

Rédaction

  • l’équipe Offre Prévention de la Mutualité Française
  • Pr Antoine Pelissolo, Psychiatre

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